Pourquoi pas un mandat limité, non renouvelable?

Article : Pourquoi pas un mandat limité, non renouvelable?
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7 novembre 2012

Pourquoi pas un mandat limité, non renouvelable?

Dans un souci d’alternance comme l’un des principes de la démocratie, la politique mondiale tend à uniformiser le nombre de mandat par le biais de la limitation. Ainsi, la majorité des constitutions a opté pour 5 ans et 7 ans renouvelable une seule fois; ce qui ramène à un mandat total de 10ans ou 14ans selon les cas. Discutant sur la situation du Sénégal, au cours du mois de Février 2012, avec mon ami Stan, relativement au fait que Abdoulaye Wade avec la complicité de son entourage s’obstine à rester dans la course malgré qu’il ne tient plus la forme et qu’il est à bout de souffle; l’idée d’un seul mandat limité non renouvelable émise par Stan m’est plutôt bien pensée.

Penser qu’à un seul mandat limité non renouvelable, serait en réalité un véritable stimulant dans tous les domaines que ce soit politique, économique, sociale ou culturel. En effet, lorsque les gouvernants savent qu’ils n’ont qu’un seul mandat à briguer, naturellement ils pourront mieux se consacrer aux missions qui leur sont assignées et ainsi faire l’essentiel pour la nation. Car avec les deux mandats la majorité des élus, se préoccupent plus, à préparer leur réélection durant le premier mandat et ce n’est qu’après qu’ils essaient tant soit peu de poser un certains nombres d’actes concrets. Là encore, ils ont du mal à redresser la barque puisqu’au départ ils ont procédé par favoritisme, clientélisme, gabegie, corruption etc qui sont difficilement corrigeables.

 Concrètement pourquoi faut – il limiter les mandats ?

Limiter les mandats présidentiels est tout d’abord une des principes démocratique qui s’articule sous la coupole de l’Alternance politique. Dans une démocratie digne de ce nom, l’alternance réelle est l’une des règles à ne pas minimiser. Il ne suffit pas de prétendre bien gérer un pays ou une nation, pour s’y éterniser et affirmer être partisan de la démocratie et de la bonne gouvernance, mais il convient de relever que le fait de laisser le fauteuil présidentiel à d’autres acteurs est un signe de maturité démocratique.

Naturellement au vu de l’échiquier politique international, l’analyse montre que tous ceux qui se disent pays démocratiques ne le sont pas en réalité, s’il faut considérer un certain nombre de critères démocratiques, même au-delà de la prise en compte du principe d’alternance.

Limiter les mandats permet d’assurer une paix sociale. Donner l’opportunité aux élites de faire leurs preuves et de mettre au service de la nation leurs capacités et compétences, est une chose capitale. S’il est remarquable que les constitutions optent pour le multipartisme ; il est d’au tant plus évident qu’on encourage la « multi-gouvernance » ou « la gouvernance diversifiée » qui ne serait qu’une gestion alternative du pouvoir. Parler de multipartisme et être dans une gouvernance à caractère « uni-partique » n’est que problématique et ne favoriserait en aucun cas la paix socio-politique. Lorsque ce droit à l’alternance est brimé, les conflits surgissent systématiquement et c’est la population qui paie la lourde tribu à la fin des constats.

Limiter les mandats contribue d’une certaine manière aussi à assurer une bonne gouvernance à travers une gestion participative du pouvoir. Si la fonction première des partis politiques est de conquérir le pouvoir, il est donc logique, la nécessité de mettre sur pieds tous les mécanismes pouvant contribuer à une meilleure gestion participative de ce pouvoir pour éviter un sentiment d’isolement de la part des autres élites aspirant à gestion politique. Sentiment qui entraine souvent les manifestations et contestations de toute sorte.

L’alternance assure de ce fait un contrôle citoyen de la part des uns et des autres. Tout gouvernant qui est conscient du fait qu’il est suivi dans sa gestion, dans sa gouvernance, et qu’il peut répondre devant ses pairs et ses concitoyens (peuples), est plus responsable à assurer une bonne gouvernance que ce dictateur qui créé la psychose, installe la tyrannie, encourage la gabegie et le clientélisme notoire dans un système sans contrôle démocratique.

Pourquoi un mandat non seulement limité mais aussi non renouvelable ?

Parler d’un mandat limité non renouvelable, ne serait que stratégique et fructueux pour tous. Avec un mandat limité non renouvelable, les partis n’étant pas élu pour la gouvernance, pourront de toutes les manières se rassurer et prendre leur temps, à espérer la fin du mandat de leur adversaire politique pour se positionner eux aussi et faire leurs preuves. Attendre conquérir le pouvoir après 10ans ou 14 ans est beaucoup plus stressant que d’attendre 5 ans ou 7ans. Ainsi, les esprits sont plus aptes à faire de leur mieux, à produire un bon résultat, puisqu’au final, il s’agira d’innover plus que son prédécesseur et de rentrer dans l’histoire.

Emprisonné pendant 27ans avant de prendre le pouvoir, Nelson Mandela pour sa part n’a fait qu’un seul mandat, même s’il avait toutes les raisons de se faire élire pour un deuxième voir un troisième mandat. Et pourtant il n’a fait qu’un seul mandat tout simplement. Pour la quasi totalité des gens, Mandéla est devenu une figure emblématique, à cause de son engagement et de sa détermination, qui lui ont conférés la notoriété dont il jouit jusqu’à présent. Même à 94 ans, Madiba continue par attirer l’attention du monde entier. Il est à noter qu’il est plus que vénéré. Et ceci dû à son histoire et à sa personne. Il a marqué son temps!

N’est-il pas possible de suivre cette figure? Cette référence? Cet idéal? A tous les gouvernants et à tous les aspirateurs au fauteuil présidentiel à travers le monde entier, cet appel vous ai lancé afin que vous puissiez rentrez dans l’histoire positivement. Marquez votre temps à travers vos actions, encore qu’il en ait temps. L’histoire vous le capitalisera de toutes les manières.

A quoi servira à un dirigeant de faire des siècles au pouvoir sans apporter de valeur ajouter à sa nation? Pourquoi ne pas suivre alors, les pas de Nelson Mandela Madiba? Comme le dira cette pensée « le vrai leader se reconnait après son départ ». Marquez votre temps, en faisant l’essentiel et passer la main sans conflit. Certains parleront de projets ou de chantier en cours à terminer, raison pour laquelle ils persistent à s’éterniser au pouvoir. Mais ils oublient qu’en réalité la gestion du pouvoir démocratique doit être alternative et qu’ils ne sont en aucun cas dans une entreprise privée où on peut mener une gestion à vie. Quelque soit le nombre de chantier en cours, la réalité montre que tous les acteurs se valent et peuvent contribuer effectivement à la continuité d’un processus lancé par les prédécesseurs. L’exemple de la France au lendemain du processus électoral du 6 Mai 2012, doit interpeller les acteurs. Même si Nicolas SARKOZY aurait aimé continuer avec un second mandat, il convient de noter que François HOLLANDE dans la mesure du possible jouera sa partition. La France ne sombrera pas pour au tant, juste parce qu’il y a eu alternance. Bref, avec un mandat limité non renouvelable, c’est toujours jouable, il suffit de bien s’organiser.

Quels risquent courent ceux là qui veulent s’éterniser au pouvoir ?

L’histoire montre par ailleurs, que malgré les efforts qui sont mis en œuvre pour une limitation de mandat, le respect de ce principe est beaucoup plus difficile pour certains dirigeants qui veulent une gouvernance à vie. La psychologie actuelle des peuples malheureusement pour ces dirigeants ne favorise plus cette obsession à garder le pouvoir sans raison démocratique.

Vouloir s’éterniser au pouvoir en ce 3è millénaire n’est pas sans conséquences. En effet, nombre de risques sont à enregistrer à l’actif des partisans de la non limitation de mandat. Il s’agit : – de la non reconnaissance de la légitimité du dirigeant par ses pairs, – de l’augmentation des manifestations sociales et politiques, – de la désolidarisation de la communauté internationale à ces pouvoirs, – de la déstabilisation du pouvoir politique, en elle même ; – d’un avenir incertain pour ces dirigeants et pour leurs proches, – de l’envoie à la CPI dans certains cas pour ne citer que ceux points

Les risques sont énormes et la morale conseille à ces dirigeants d’être plutôt partisans de l’alternance réelle pour assurer un lendemain meilleur non seulement à la population mais aussi à leurs familles et à eux-mêmes. Karel FALL citera dans l’un de ses articles CHOUANG TSEU qui disait : « qui s’accroche au pouvoir s’épuise ». Oui, chers dirigeants prônant la non alternance, plus vous vous s’obstinerez à garder le pouvoir, plus vous perdez de votre énergies et deviendrez de ce fait encombrants pour vous-mêmes.

Quels profits peuvent découler de l’application et le renforcement des Protocoles ?

Les accords et les protocoles prises ici et là pour un renforcement des institutions étatiques, démocratiques, devraient normalement contribuer à instaurer une gestion démocratique des Etats. Mais force est de constater que la signature de ces engagements sont pour la majorité des Etats des actions folkloriques et n’ont aucun fondement idéologique. L’application de ces protocoles de même que leur renforcement non seulement d’être la panacée aux différentes crises rencontrées, constitueront toutefois une valeur ajoutée à l’instauration du respect des principes fondamentaux de la démocratie pour une bonne gouvernance effective et efficiente.

A l’instar de ces protocoles, celui de la CEDEAO, relatif à la Démocratie et à la bonne Gouvernance bien qu’étant un instrument régulateur, n’a pas pour au tant contribuer à une gestion efficace de ces crises de mandats au niveau de la sous région. L’urgence d’appliquer et de renforcer ce protocole serait à tout point de vue, une manière de contribuer à l’instauration de la démocratie réelle et tant souhaitée par la majorité des citoyens

Quoi retenir de cette analyse?

Aux différents acteurs socio-politiques, aux organisations internationales et sous régionales et aux analystes, la réflexion sur un mandat limité non renouvelable doit pouvoir commencer à capter l’attention. Démarrer juste l’analyse sur cette idée ne serait qu’à l’actif de tous, que de ne même pas y penser. Evidemment cette réflexion ne pourra être exécutée dans l’immédiat mais comme le dirait l’adage l’aboutissement de tout voyage commence toujours par le premier pas.

De cette réflexion telles sont les questionnements qui peuvent en découler : n’urge t’il pas d’harmonier les mandats dans la région ? Un mandat limité non renouvelable ne serait –il pas judicieux et stratégique? La réflexion est lancée à tous!

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