Nora

Mali : la justice, incontournable facteur de reconstruction!

……Malizé, en songhay fils du Mali, natif de Gao, nous présente ici son regard critique sur les préalables d’ une réconciliation effective au Mali. Voici un billet qui reflète le cri de cœur d’un jeune Malien qui ne veut que la paix pour son pays. Pour ce dernier la réconciliation n’aura de sens; que si et seulement si la justice trouve sa place réelle dans le règlement de la crise. Sans cela, parler de réconciliation ne serait que  vain mot …..

crédit photo: site info.catho.be
crédit photo : site info.catho.be

La crise au nord du mali est répétitive depuis plusieurs décennies. Le plus souvent des crimes similaires à ceux commis en 2012, ont été amnistiés sans que cela puisse empêcher leurs auteurs de récidiver et sans que les victimes très attachées à la paix soient réhabilitées. Des femmes et des enfants ont souffert le martyre et beaucoup d’entre eux continueront toute leur vie à souffrir.

Aujourd’hui, notre pays n’a d’autres choix que d’aller à la réconciliation et à l’unité nationale. C’est à cela qu’aspire notre peuple dans son ensemble. Mais quelle place occuperont dans notre société ceux qui ont violé la femme, la fille et parfois le garçon de leur voisin d’hier? Quelle place dans notre société pour ceux qui ont tué par plaisir, pillé pour détruire, coupé des mains des pieds, flagellé et imposé toutes les privations comme mode d’existence ? Quelle place enfin à ceux qui se sont rendus coupables de crimes contre l’humanité.

Pour ceux de nos compatriotes qui se trouvent par leurs actes mis au ban de la société, il n’y a d’autres issues pour trouver la voie de la normalité que la justice. La justice est bien pour tout le monde et pour toutes les générations de Maliens. Le renouveau et la nation de paix que nous voulons bâtir doivent avoir comme fondement la justice.

La justice suppose que l’on peut mourir tranquillement et laisser ses jeunes enfants sous la protection de Dieu et des lois. Mais si de notre vivant nous contribuons nous-mêmes à créer l’injustice à la nourrir, alors nous avons de réels motifs de nous inquiéter pour l’avenir et pour « l’après-moi ».

Dans le cas spécifique du Mali, de nombreuses communautés innocentes sont pointées du doigt du fait des agissements de quelques-uns de leurs fils. L’élément innocent d’une communauté mérite-t-il de payer chaque jour par les regards appuyés, la stigmatisation, le mépris et le risque permanent? Le renouveau de la Justice peut-il être crédible et mobiliser les énergies, si elle se fonde sur la libération en catimini de criminels de guerre et d’auteurs de graves crimes contre l’humanité?

Ceux qui tentent par des subterfuges d’amnistier les membres du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), auteurs de crimes et les autres groupes terroristes, ne rendent service ni aux communautés du Mali, ni au Mali ni à la paix dans le monde. Toute solution à la crise malienne passe par la justice. Toute autre approche reviendrait à fermer les yeux pour devenir volontairement aveugle.

Notre devoir à tous, membres de communautés, mais d’abord et surtout fils du Mali, c’est de favoriser la justice pour les  horribles crimes commis et que rien ne justifie. C’est de faire en sorte que nous puissions ôter de notre sein la souillure afin que ne se mélange au lait du renouveau le sang des injustices. Osons la justice, car c’est par elle que s’élèvent et les hommes et les nations.

Plus je relis ces propos de Malizé, plus je me dis que la justice doit être cet acte courageux contre l’impunité. La justice doit pouvoir s’instaurer face à des cas de cruauté, d’abus contre les droits humains, pour ne serait-ce qu’alléger la souffrance des victimes. Car, en réalité la justice ne pourra que réparer le tort dans une certaine mesure.

Mais ne pas la rendre du tout, c’est créer du tort à la cité; c’est participer à l’explosion d’une bombe à retardement.

Puisse ce cri de cœur tomber dans les oreilles de ceux qui sont du côté de la justice pour que vive le Mali! Le fils du Mali, Malizé, vous a laissé son message! A vous de jouer !!!


Marche mondiale de mentoring : une rencontre de taille entre femmes leaders confirmées et jeunes femmes émergentes togolaises!

 La Marche mondiale du mentoring dont le but est de mettre en réseau des femmes leaders de poigne dénommées « mentor » et des jeunes femmes futures leaders appelées « mentee », qui au cours d’une marche échangent sur les questions et défis de la vie sociale et professionnelle. Cette rencontre s’est tenue au Togo sous l’égide de la Fédération des femmes entrepreneures et femmes d’affaires du Togo (Fefa ), dont la présidente est Candide Leguede. Cette manifestation est partie de l’esplanade du palais des congrès de Lomé. Les aînées, une quarantaine ont eu la charge  de conseiller et de donner certaines directives à leurs mentee au nombre d’une cinquantaine. Puis elles toutes ont pris part à l’atelier de formation sur le « Mentoring et le leadership« , lancé officiellement par la ministre de l’Action sociale, de la Promotion de la femme et de l’Alphabétisation, Mme Ahoefa Dédé Ekue vv3

 Soucieuses d’une relève de qualité pour le Togo, les aînées confirmées ont bien voulu se mettre aux côtés de leurs mentee au cours de cette journée très fructueuse. Des deux modules présentés on retient les éléments suivants.

Pour le premier exposé par Mme Epiphanie Houmey du GF2D, portant sur « le leadership des femmes » on souligne que la participation de la femme est basée sur 4 grandes exigences à savoir:

– une exigence de développement

– une exigence de droit et de devoir

– une exigence de justice sociale

– une exigence de démocratie

Pour Mme Epiphanie, les jeunes femmes doivent développer leur leadership en se fixant une vision; en formulant des objectifs clairs et réalistes tout en tenant compte de leur contexte, en trouvant un équilibre intérieur et extérieur; en développant des qualités et compétences selon leur domaine d’intervention ou d’action. Et pour finir en planifiant et en passant à l’action. C’est dire que les mentors veulent attirer l’attention des mentee sur le fait qu’il est très important pour leur avancée de se fixer des repères dans le but d’être une valeur ajoutée à la société. Il ne s’agit pas pour les femmes de devenir les ennemis des hommes, loin de là; mais tout simplement d’être une actrice du développement. VV

La seconde communication portant sur le mentoring présentée par Candide Leguede, a été aussi riche que la première. On retient que le mentoring est une « Relation protégée favorisant l’apprentissage et l’acquisition d’expérience ainsi que le développement du potentiel personnel et de nouvelles compétences par le biais d’un processus dans lequel une personne, le tuteur, soutient la carrière et le développement de son (ou de sa) filleul(e)« . Pour cette dernière le mentoring est un moyen efficace pour soutenir les filles et femmes dans leur plan de vie. C’est une pratique centrée sur la formation continue. L’aspect intéressant et souligné, est que le mentoring ou le mentorat existe depuis des années dans nos sociétés d’une manière implicite que ce soit dans le secteur familial (confiage) ou dans le secteur professionnel.

La relation mentorale pour qu’elle réussisse doit être caractérisée par un processus volontaire; l’écoute; la réciprocité; l’intérêt commun; la confiance en soi; la patience; l’honnêteté; pour ne citer que celles-là. L’objectif poursuivi par un tel mécanisme est de contribuer à une meilleure orientation de vie des mentee basée sur les expériences des mentors. Le mentoring pour finir a des avantages non seulement pour la jeune génération, mais aussi pour les mentors qui apprennent de leurs filleules et évaluent ainsi leurs compétences propres.VV1

Pour Mme Claire Quenum, coordinatrice de l’ONG Floraison au Togo, « le mentorat est très important aux jeunes filles, car elles ont besoin des conseils, surtout que nous sommes dans une société en mutation où l’encadrement des parents fait défaut ». Elle relève par ailleurs que la jeunesse génération fait face à de nombreuses difficultés, mais malheureusement ne trouvent pas d’interlocuteurs valables pouvant la soutenir et l’amener sur la bonne voie.

Je retiens pour ma part de cette belle journée, la nécessité du mentoring comme gage d’une relève assurée pour la société. Que ce soit au niveau des femmes ou des hommes, il se dessine clairement qu’il s’agit là d’un outil très important de transfert de connaissances et de compétences, de formation et d’éducation informelle. Il a aussi une place prépondérante dans la formation de la personnalité du mentee. Le mentor joue alors un rôle déterminant dans le devenir de son mentee. La société actuelle a besoin fortement du mentoring dans tous les secteurs pour un équilibre réel. En effet, l’avenir de la cité en dépend inéluctablement, d’où l’importance de cette citation « ne nous demandons pas quel monde laissons-nous à la jeunesse mais plutôt posons-nous la question de savoir quelle jeunesse laissons-nous à ce monde »

Le mentoring doit à cet effet pouvoir se pratiquer à tous les niveaux (famille, travail, domaine associatif; amical, etc.). Mais les mentors doivent pouvoir être à la hauteur de cette tâche . Le mentoring reste tout un processus, tout un défi, une mission sociale, pour espérer une relève de qualité dans son domaine ou secteur d’intervention tout comme dans la vie courante. Il contribue ainsi au renforcement du type de citoyen que l’on aimerait voir dans la société et facilite l’émergence individuelle et personnelle des mentee. Comme le dit si bien une chanson ivoirienne « c’est l’homme qui fait l’homme ».


« Etablir la paix durablement est le travail de l’éducation »

Il y a des femmes inclassables, des femmes dont l’étendue des compétences dépassent l’entendable. C’est sous l’angle de la femme de paix que ce billet à deux plumes, à l’initiative de Nora, rend hommage à Maria Montessori, née le 31 août 1870.  Première femme médecin en Italie en 1896, elle travaille en psychiatrie auprès d’enfants handicapés. Psychologue et pédagogue, elle crée en 1907, la première maison des enfants.

Ayant solidement établi ses théories sur la base de son expérience pratique, elle développa une véritable philosophie de l’éducation et traça des perspectives nouvelles qui, avec le temps, allaient progressivement révéler leur valeur exceptionnelle. [Avant-propos, Maria Montessori, L’éducation et la paix]

Si la pédagogie active de Maria Montessori est mondialement connue avec ses principes de base telle qu’une approche holistique, un environnement adapté, le respect du rythme de l’enfant, l’accès à l’autonomie, l’autodiscipline et l’expérimentation, sa contribution à la paix, qui lui a valu d’être nominée pour le prix Nobel de la paix, l’est moins.

Une date, un événement ! Une date, un hommage ! 31 Août 1870 – 31 Août 2013, voilà aujourd’hui 143 ans depuis sa naissance, en passant par sa mort en mai 1952, que l’univers a vu parcourir le nom ce cette grande dame, qui d’une manière exceptionnelle, a su impacter son environnement, son temps et qui a sans le savoir confié une mission à la nouvelle génération, celle de semer dans les cœurs des Hommes la Paix.

Mais en fait, que dit la philosophie de Maria Montessori ? Nora et Limoune propose ici et une réflexion commune pour mettre en lumière la pensée de Maria Montessori en matière de paix, dont la citation qui, parmi ses actions et ses œuvres, a retenu leur attention aboutissant à ce billet collectif se trouve être : « Etablir la paix durablement est le travail de l’éducation. La politique ne peut qu’éviter la guerre. »

« Politique et paix durable : une terrible illusion d’optique »

Affiche reprenant le discours politique de Bachar-al-Assad, dans une école du Kassioum, Syrie.  © Limoune

Affiche reprenant le discours politique de Bachar-al-Assad, dans une école du Kassioum, Syrie. © Limoune

Simple à la lecture, cette citation vaut bien plus qu’un simple enchaînement de mots. Profonde de part sa compréhension, cette réflexion met en évidence la cohabitation difficile entre la politique et la paix durable. Il ne s’agit pas pour Maria Montessori d’une recherche de semblant de paix, mais bien plus, d’une Paix durable, d’une Paix effective et consistante. Tâche quasi impossible au monde politique, qui dans ses différentes stratégies n’a cherché depuis toujours qu’à réduire les risques d’implosions. Tout semble à croire que les leaders politiques de par le monde, sans l’avouer, luttent non pas pour une paix durable mais pour une paix de façade tout en entretenant les crises et les conflits de par le monde.

Sinon, comment comprendre, que la crise syrienne en soit arrivée à ce stade sans que les acteurs ne soient capables de la résoudre ni de l’anticiper ? Comment comprendre que la plupart des institutions internationales d’édification de la paix, préfèrent investir plus dans la gestion et dans la transformation d’un conflit que de soutenir des actions de prévention de conflits à travers des projets d’éducation à la culture de paix et de la non violence ? Comment comprendre que la consolidation de la paix ne vienne à l’idée qu’après la consommation des dégâts ? Mais au fait, qu’est ce qui justifie une telle réalité ?

Hervé Ladsous, Secrétaire général adjoint des Nations unies chargé des opérations de maintien de la paix, dans une de ses analyses dira que « (…), le maintien de la paix ne peut pas se substituer à un accord politique ».

C’est dire que la consolidation de la paix ne peut en aucun cas être assimilée à un accord politique, qui d’après les expériences peine à aboutir à cause de son caractère imprévisible dû aux intérêts cachés des différentes parties prenantes. La paix doit être avant tout une question de processus, de culture, de conscientisation, d’engagement afin d’espérer un changement réel non pas par la prise de résolutions, ni de multiples dialogues de paix mais par une action concrète de responsabilité à travers une stratégie d’éducation nationale, voir sous régionale et internationale.

Tant que les leaders politiques n’investiront pas assez, en amont pour semer des graines de paix dans les cœurs et les esprits des gens, vaine sera la préservation de cette denrée rare qu’est la paix. « Dire que « la politique ne peut qu’éviter la guerre », a été tout simplement bien dit par Maria Montessori.

« Tout se joue dans l’éducation »

Un élève dans une école syrienne, Kassioum.  © Limoune

Un élève dans une école syrienne, Kassioum. © Limoune

On ne peut correctement traiter la question de paix en se limitant au point de vue, étroit et négatif, hélas trop fréquent en politique, qui consiste à chercher comment éviter la guerre, comment résoudre les conflits entre pays sans recours à la violence. (Maria Montessori, L’éducation et la paix)

La mention « sans recours à la violence » pourrait être retirée tant l’actualité prouve que les politiques semblent faire de la violence un moyen d’atteindre la paix. Appeler « paix » le triomphe des objectifs d’une guerre est un leurre retardant notre parcours vers une paix vraie. Cette paix que nulle guerre ne pourra apporter, que nul gouvernement ne pourra imposer.

La paix ne s’impose pas. Elle se construit. Elle s’apprend. A l’échelle des rapports entre les peuples. Au sein de sa société, mais aussi au sein de son quartier, de sa famille et de sa classe. La paix, que permet la tolérance, cette « capacité à reconnaître que l’autre est à la fois semblable à moi et digne des mêmes égards, et en même temps radicalement différent et digne du même respect, se pose à l’échelle des rapports interindividuels comme à l’échelle des rapports des rapports entre les civilisations et les religions« , s’acquière dans l’éducation.

Changer la représentation du monde, bâtir la fraternité mondiale des croyances, apprendre l’interdépendance qui nous unit et la diversité qui nous enrichit, apprendre la responsabilité : tout cela se joue dans l’éducation. (Maria Montessori, L’éducation et la paix)

Une éducation qui ne doit pas se contenter d’un rôle négatif qui consisterait simplement à confisquer aux enfants les objets de guerre ou de changer la manière dont l’Histoire est enseignée. Le rôle de l’éducation n’est pas d’écarter les risques de guerre, mais de permettre à l’enfant d’analyser les événements contemporains et la structure actuelle de nos sociétés, tout en lui insufflant l’entraide et l’autonomie, au détriment de la compétition, de la récompense et de la punition.

Cette pratique et bien d’autres types de conditionnements qui conduisent à un sentiment d’infériorité, ouvrent la voie à une attitude irréfléchie de respect, presque d’idolâtrie, chez les adultes, paralysés face aux dirigeants publics […] (Maria Montessori, L’éducation et la paix)

Afin de traverser les crises contemporaines, il est urgent d’instaurer une science de la paix, entre expérience et analyse, entre réflexion et action, au cœur du corps éducatif. Mais si l’éducation devrait avoir en charge la transformation d’une société, le progrès social ne pourrait être atteint sans coopération.

 
Montessori en Tunisie
Ecole internationale Montessori, Hammam-Lif.
Crèche et jardin d’enfants Montessori, Ennasr, Tunis.